Si tu ne penses d'abord qu'à lorgner les vitrines pour savoir ce que tu vas acheter pour tes gosses,
Noël, c'est râpé !
Si tu succombes au désir de tes mômes qui veulent une voiture de police, une mitraillette en plastique et la panoplie complète du para,
Noël, c'est râpé !
Si tu as déjà acheté le petit Jésus en sucre et ses parents en chocolat... sans oublier un seul des bestiaux en caramel de la crèche,
Noël, c'est râpé !
Si, avant toute chose, champagne, gâteaux, repas hors de l'ordinaire sont déjà programmés,
Noël, c'est râpé !
Si tu commences à dresser la liste des gens à inviter en prenant soin d'exclure les chiants, les emmerdeurs, ceux et celles qui vont trouver la fête tranquille,
Noël, c'est râpé !
Si tu ne prends pas le temps de méditer, durant cet Avent, le merveilleux mystère de la nuit de Noël, la pauvreté de l'Enfant-Jésus, le dénuement absolu des immigrés que sont ses parents,
Noël, c'est râpé !
Mais si tu lorgnes déjà le jeune couple de chômeurs de ton immeuble qui, sans toi, "fêterait" cette nuit-là dans un peu plus de détresse et des solitudes,
Alors, Noël, c'est gagné !
Si tu n'attends pas pour dire à l'ancienne qui vit seule, un mois à l'avance, qu'elle sera ton invitée, pour qu'elle savoure d'avance durant un mois ces quelques heures où elle sera reine,
alors, Noël, c'est gagné !
Si tu prends la peind de réfléchir à ce mystère d'amour et de pauvreté qui, au cours des âges, a été défloré, foulé aux pieds et travesti en fête égoïste, faite de beuveries et de gueuletons,
alors, Noël, c'est gagné !
Si tu continues, dans l'année qui vient, a vivre ce mystère en pensant que le partage, c'est pas seulement l'affaire d'une nuit, alors Noël illuminera toute ton année !
Guy Gilbert